Post by Yann à VannesUne quille en fonte, c'est une éponge : des p'tis trous, des
p'tis trous, plein de petits trous !
Je ne sais pas ce qu'en dirait un fondeur, mais jusqu'à présent
à ma connaissance, la fonte n'est pas (ou ne devrait pas être)
un matériau poreux à coeur.
Sauf si on a, délibérément, pour des raisons de rentabilité introduit
du phosphore qui en accélère la coulabilité, ou pire du soufre
qui diminue le temps de chauffe (time is money)
Et dans les 2 cas, on "peut avoir" un produit fragile et poreux,
car d'autres considérations entrent aussi en ligne de compte.
D'où la question, après les coques molles osmosées à la sortie
d'usine, *certains fabricants* n'optimiseraient-ils pas leurs profits
en prenant pour le lest du bas de gamme de chez Badgam? :-(
A l'inverse, un chantier naval sérieux se devrait d'utiliser de la fonte
au chrome qui résiste bien à la corrosion en milieu marin, et
également aux chocs en cas de talonnage.
C'était le cas autrefois... Mais ça semble de plus en plus rare. Hélas!
Supposons néanmoins une fonte de qualité moyenne, ni optimisée
par conscience professionnelle, ni sabotée pour se faire plus de fric.
La capillarité agit en surface, par la pellicule oxydée "gonflée" car
en fait elle ne correspond qu'à une centaine de microns,
et bien sûr par les petits trous qui peuvent être la conséquence d'une
oxydation sévère, mais aussi d'un refroidissement de la fonte
dans des conditions pas idéales.
Mais dans les 2 cas, ça reste superficiel, c'est du moins ce que
m'ont dit des techniciens en métallurgie qui n'avaient rien
à me vendre.
Ceci dit, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt toutes les considérations
pertinentes sur les travaux forcés avec des adjuvants pas donnés.
Certes c'est parfaitement justifié et conforme aux règles de l'art,
mais il y a d'autres solutions moins compliquées et surtout moins
onéreuses!
Aussi, quitte à faire frémir les puristes et scandaliser les orthodoxes,
voici comment j'ai traité les quilles de 2 bateaux:
Après un séchage longue durée à terre (hivernage à sec dans
le midi) j'ai décapé mes lests à la brosse de fer en usant d'un
lave-pont modifié pour la circonstance.
Puis, laissant quand même un léger résidu de rouille pulvérulente
pour l'accroche comme le recommande le fabricant, j'ai passé
plusieurs couches de rustol owatrol qu'on trouve dans
les bricailleries à un prix qui n'a rien de commun avec
les marchandises shipchandlérisées.
(non, non, je ne suis pas actionnaire de rustol et je le regrette bien) ;-)
Le produit doit être passé en appuyant fort, de façon à favoriser
une imprégnation maximale, jusqu'au matériau sain.
Environ 6 heures entre les 3 premières couches, puis 12 à 24 heures
entre les 2 suivantes, en évitant de déborder sur les fonds car ce produit
a une composition proche de la résine, et des incompatibilités
peuvent parfois créer de légers problèmes (gel pâteux)
In fine, en primaire 2 couches de sousmarine matrice dure diluée
au rustol dans une proportion 4 pour 1, ça donne une accroche
impeccable.
Puis 2 couches de sousmarine dure, bien épaisse et bien grasse
et les années suivantes du semi-érodable pour ne pas s'embêter.
Et....
5 ou 6 ans après, à peine de rares points de rouille minuscules m'ont
fait l'affront de réapparaître.
Au bout de 8 ou 10 ans, je referai l'opération.
De toute façon, ceux qui traitent leur quille à l'epoxy disent souvent
qu'il faut refaire le travail tous les 10 ans. Alors...
Un dernier mot pour ceux (j'en ai rencontré) qui s'inquiètent de la
perte de poids d'un lest du fait de la rouille.
Pour atteindre une valeur commençant à être significative (et encore!)
de l'ordre de 5%, il faudrait attendre environ 100 ans...
Donc, ça laisse de la marge!
--
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